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que ce conte arrive à son expression la plus simple et la plus pure. Ses bourgeois des bords du Gange commencent par souhaiter l’abondance, mais ils reviennent bientôt à la médiocrité et, pour utiliser le troisième souhait, ils demandent la sagesse :

C’est un bien qui n’embarrasse point.

Quoique avec son follet du Mogol le fabuliste nous ramène en Orient, il est certain qu’il n’a point connu le récit de Sendabar : il n’en aurait pas de gaieté de cœur sacrifié les détails ingénieux et pittoresques ; il y eût évidemment trouvé la matière d’un de ces contes où il a uni tant de grâce à si peu de décence.

Les Trois souhaits de Mme Leprince de Beaumont ont, je l’ai dit dans l’Introduction, cette supériorité sur les Souhaits ridicules de Perrault, qu’ils ne font pas intervenir sérieusement Jupiter lui-même dans un simple badinage. Le conte est aussi plus simplement et plus ingénieusement agencé. La fée ayant donné aux deux époux la faculté de former les souhaits, c’est la femme qui, sans le vouloir, fait descendre l’aune de boudin par la cheminée et le mari qui de colère la lui envoie au bout du nez. Il n’est pas difficile ensuite à la femme de s’en débarrasser.

Dans les Souhaits ridicules, la marche étant moins aisée, le récit est aussi plus long. C’est à l’