Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/312

Cette page n’a pas encore été corrigée

monta dans un carrosse doré, escorté d’une si nombreuse troupe de laquais qu’on l’eût prise pour une courtisane qui se promène entourée de ses amants. Après avoir excité l’envie de ses sœurs, elle s’en alla, suivie de près par le domestique du roi.

En le voyant, elle commanda au cocher de presser le pas. La voiture alors se mit à courir d’un si furieux train que Zezolla perdit une de ses pantoufles ; or, cette pantoufle était si jolie que jamais on n’en avait vu de pareille.

Le serviteur, désespérant de rattraper le carrosse, ramassa la pantoufle et la porta au roi, en lui contant ce qui était advenu.

Le roi la prit dans sa main et s’écria : « Si les fondations sont si belles, que sera-ce de la maison ? Ô beau candélabre sur lequel est restée la chandelle qui me brûle ! Ô trépied de la belle chaudière où bout la vie ! Ô beau liège attaché à la ligne d’amour avec laquelle on a péché mon âme ! je vous baise et vous serre sur mon cœur et, si je ne puis arriver à la plante, j’adore la racine ; si je ne puis embrasser le chapiteau, je baise du moins la base de la colonne. Vous avez été l’enveloppe de blancs petits pieds, maintenant vous êtes la souricière d’un pauvre cœur. Par vous elle était haute d’une palme et demie de plus, celle qui torturait ma vie, et c’est par vous qu’elle lui donne tant de douceur, maintenant que je vous regarde et vous possède ! »