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robes ; mais bientôt tout ce bonheur se changea en misères et, oubliant le service qu’elle en avait reçu, (malheureux qui a mauvais maître !) la Carmosina montra ses six filles que jusqu’alors elle avait tenues cachées. Elle fit si bien que son mari se prit d’affection pour les étrangères et ferma son cœur à sa propre enfant.

Déchue peu à peu de sa grandeur, la pauvrette finit par passer du salon à la cuisine, du dais au coin de la cheminée, du brocart aux torchons et du sceptre à la broche. Son nom fut même changé et, au lieu de Zezolla, elle ne se nomma plus que la Chatte cendreuse.

Or, il arriva que le prince dut faire un voyage en Sardaigne pour les affaires de l’État. Il demanda tour à tour à Imperia, Calamita, Shiorella, Diamantine, Colombine et Pascarelle, qui étaient ses belles-filles, ce qu’elles souhaitaient qu’il leur rapportât à son retour.

L’une choisit des robes superbes, l’autre des coiffures, celle-ci du fard pour embellir la peau, celle-là des jouets pour passer le temps ; enfin, l’une une chose, l’autre une autre. En dernier lieu, le prince, comme pour se moquer, dit à sa fille :

— Et toi, que veux-tu ?

— Rien, répondit-elle, sinon que tu recommandes à la colombe des fées de m’envoyer quelque chose. Si tu venais à l’oublier, je souhaite que tu