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Strabon et Élien racontent que la pantoufle de la jeune Rhodope étant tombée des serres d’un aigle sur les genoux de Psammétichus, le Pharaon, par cette raison

Que lorsqu’on voit le pied, la jambe se devine,

fit chercher la dame, la découvrit et l’épousa ; mais ce n’est là que le dénoûment de Cendrillon : il y manque la partie la plus intéressante, le petit drame qui seul constitue vraiment l’histoire.

D’un autre côté, M. de Gubernatis prétend que la légende de la pantoufle perdue repose tout entière sur l’épithète védique de l’aurore apâd (sans pied ou sans chaussure) ; mais cette opinion, peut-être un peu bien aventurée, ne nous en dit pas plus que l’anecdote de Strabon.

Voilà ce que nous avons recueilli de plus sérieux sur l’origine de Cendrillon.

Cette pantoufle fameuse rappelle la sandale qui, perdue par Jason, devait d’après l’oracle lui faire recouvrer sa couronne. Elle se retrouve chez nous sous la forme d’une mule de velours rouge, brodée de perles, dans la Finette Cendron de Mme  d’Aulnoy, qui, jugeant trop maigres les deux sujets, aux aventures de Cendrillon ajoute celles du Petit Poucet ; — ainsi que dans la Gardeuse de dindons, de M. Bladé, où l’intervention d’un soulier rouge dénoue l’histoire de la Gardeuse