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Alors il la regarda et vit que la fatigue du chemin la faisait haleter si fort, que sa bouche paraissait savonneuse et ressemblait à une cuvé de lessive. Il baissa les yeux à terre et fut surpris d’apercevoir un pré d’herbes fétides, dont l’aspect seul lui donnait mal au cœur. Furieux, il chassa Puccia, ainsi que sa mère, et envoya Ciommo garder les oies de la basse-cour.

Désolé de cette affaire, ne sachant pas ce qui était arrivé, Ciommo menait les oies par la campagne. Il les laissait aller à leur guise tout le long du rivage de la mer et se retirait sous un chaume ou, jusqu’au soir, au moment de rentrer, il déplorait son malheur.

Mais, tandis que les oies se promenaient ainsi sur le rivage, Martiella sortait de l’onde : elle les gavait de fine pâtisserie et les abreuvait d’eau de rose ; les oies étaient devenues grosses comme des moutons, au point qu’on ne leur voyait plus les yeux.

Lorsque le soir elles arrivaient au jardinet qui fleurissait sous, la fenêtre du roi, elles se mettaient à chanter : Pire, pire, pire.

Fort beau est le soleil ainsi que la lune,
Plus belle encore est celle qui nous nourrit.

Le roi, qui entendait tous les soirs cette musique d’oisons, fit appeler Ciommo et voulut savoir où, comment et de quoi il nourrissait ses bêtes.