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je n’ose mettre cette lacune sur son compte. Ici, évidemment, la nourrice française a passé le but : à force de procéder par élimination, elle a fini par éliminer le conte lui-même, et elle a fourni à Perrault le cadre sans le tableau.

Un peu avant la publication du conte de Perrault, Mlle Lhéritier avait traité ce sujet dans les Enchantements de l’éloquence, qu’elle donne, comme l’Adroite princesse, pour un récit emprunté aux troubadours de Provence. Dans ce conte, aussi long qu’insipide, l’auteur met en scène deux fées dont l’une s’appelle Dulcicula et l’autre, plus gracieusement encore, Eloquentia nativa.

Le récit commence par une interminable aventure qui n’a nullement trait au sujet, celle d’un chasseur qui, comme dans Céphale et Procris, blesse l’héroïne avec un dard lancé contre un sanglier : puis vient l’histoire des Fées, aussi pauvre mais moins courte que dans Perrault, avec cette différence toutefois que la fée prend la figure d’une belle dame pour apparaître à la bonne fille et d’une paysanne pour se montrer à la mauvaise, — ce qui rend plus vraisemblable la malhonnêteté de la dernière. Le tout se termine par cette réflexion fort juste et qui n’a qu’un tort, celui de figurer à la fin d’un conte :

« Je ne say pas, madame, ce que vous pensez de ce conte : mais il ne me paroît pas plus incroyable