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que je serais enchanté de sortir de ce marais d’afflictions, de ce bourbier de peines, n’était que je vous laisse dans une misère grande comme l’église Santa-Chiara, au carrefour de Mélite, sans une maille, nets comme une cuvette de barbier, faibles comme un ruisseau à sa source, secs comme un noyau de prune. Tout votre avoir ne remplirait pas, hélas ! la patte d’une mouche, et vous pourriez faire cent milles à la course qu’il ne tomberait pas un liard de vos poches.

Mon malheureux sort m’a réduit à aller voir la queue du triple chien des enfers[1], je n’ai plus même l’existence : tel tu me vois, tel tu me dépeins[2]. Vous le savez, j’ai passé ma vie à faire des coches à la taille des fournisseurs et je me suis toujours couché sans chandelle ; je veux pourtant à ma mort vous laisser quelque marque de mon amour.

Toi donc, Horatiello, qui es mon aîné, prends ce crible qui est pendu au mur : avec cela tu gagneras ton pain ; toi, le cadet, prends le chat[3], et souvenez-vous de votre père.

À ces mots, il éclata en larmes et, peu après, il dit :

  1. Dove li tre cane cacano.
  2. 2. Dicton.
  3. Le texte dit la chatte, mais en patois napolitain le chat est du féminin ; le chien, au contraire, est toujours du masculin.