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Il est évident que pour donner plus de piquant à son récit, M. de Coulanges reproduit la formule populaire, et que, comme elle était populaire, Perrault n’a pas eu besoin de la lui emprunter.

l’Histoire littéraire de la France (t. XXIII, p. 208) avance que Perrault a certainement connu le conte de Basile et que, s’il en a retranché la fin, où Gagliuso, comme Boukoutchi-Khan et d’autres, oublie indignement les bienfaits du chat, c’est pour ne pas attrister par cette marque d’ingratitude les joyeuses aventures du marquis de Carabas.

Je ne pense pas, je le répète, que Perrault ait su l’existence du Pentamerone. Si même il a lu les Facétieuses Nuits dans la traduction, il n’a guère dû se préoccuper de la Chatte de Constantin. Le récit des nourrices, amené par l’esprit français presque à son point de perfection, lui suffisait amplement.

Les contes se terminant d’habitude à la satisfaction générale des lecteurs aussi bien que des héros, Perrault a bien fait de laisser de côté, s’il l’a appris par la tradition orale, ce dénoûment amer et satirique qui rappelle notre vieux fabliau du Vilain ânier, où un pauvre bûcheron, subitement enrichi par l’enchanteur Merlin, commence par l’appeler Monseigneur Merlin, puis l’appelle sire Merlin, puis Merlin tout court, puis enfin Merlot, au fur et à mesure qu’il devient le père d’un évêque et le beau-père du prévôt d’Aquilée.