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la requeste du roi Comorus, M. Sainct Gildas lui fait de la bien traicter et la lui restituer saine et franche, quand il la lui requerroit. »

La reine apprend que son mari a pour habitude de tuer ses femmes dès qu’elles deviennent enceintes. Se voyant en cet état, elle s’enfuit ; Comorus la poursuit jusqu’à un petit bocage où il la découvre et lui coupe la tête.

Le comte Gueroch, « grandement douloureux, » va trouver le benoist saint Gildas et le supplie de tenir sa promesse. Gildas se rend auprès du cadavre, lui recolle la tête et, à force de larmes et de prières, obtient de Dieu qu’il ressuscite la reine.

L’auteur des Vies des Saints de la Bretagne Armorique (Rennes, 1680, un vol. in-4o, t. Ier, p. 16) reproduit la scène du meurtre avec plus de détails ; il ne rencontre pourtant l’histoire de la Barbe bleue que dans quelques traits généraux.

« Alors la pauvre dame se jette à genoux devant lui, les mains levées au ciel, les joues baignées de larmes, luy crie mercy ; mais le cruel bourreau ne tient compte de ses pleurs, l’empoigne par les cheveux, lui desserre un grand coup d’épée sur le col et lui avale la teste de dessus les espaules. »

Cette histoire ne ressemble guère plus au conte de Perrault que celle du maréchal de Retz et, si les peintures dont parle le Dictionnaire du XIXe siècle existent en réalité, elles prouvent simplement que