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désert affreux, où elle reste longtemps en proie à toutes les misères.

Passe un roi qui, la trouvant d’une beauté merveilleuse, l’emmène dans son palais et l’épouse. Elle met successivement au monde trois enfants. Chaque fois qu’elle vient d’accoucher, la Vierge lui apparaît et lui demande si elle veut confesser sa faute : elle nie toujours et chaque fois la Vierge lui prend son nouveau-né.

On l’accuse d’être une ogresse et on la condamne au bûcher. Déjà elle est attachée au poteau et la flamme commence à s’élever autour d’elle, lorsque enfin son cœur est touché de repentir.

« Si je pouvais avant de mourir, pense-t-elle, avouer que j’ai ouvert la porte ! » Et elle crie : — Oui, Marie, je suis coupable !

« Comme cette pensée lui venait au cœur, la pluie se mit à tomber du ciel et éteignit le feu du bûcher ; une lumière se répandit autour d’elle, et la Vierge Marie descendit, ayant à ses côtés les deux fils premiers-nés et portant dans ses bras la petite fille venue la dernière. Elle dit à la reine d’un ton plein de bonté : « Il est pardonné à celui qui avoue son péché et s’en repent. »

Cette touchante légende, dont le plan très-régulier accuse une intervention littéraire, a pu être inspirée à une âme chrétienne par la terrible histoire de la Barbe bleue. Nous l’avons résumée pour