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d’idées, les répète volontiers sous toutes les formes ; je sais de plus qu’il faut tenir compte des changements amenés par la tradition ; mais, de bonne foi, est-il supposable que l’humanité à son berceau ait inventé des milliers de légendes pour symboliser presque toujours le même phénomène, — un phénomène que les premiers hommes, si l’on en juge par les écrits les plus anciens, contemplaient d’un œil assez indifférent ?

D’ailleurs, ne pourrait-on pas soutenir que ce n’est point du mythe du soleil et de l’aurore que viennent les contes de l’amoureux qui poursuit l’amoureuse ; mais qu’au contraire, on a transporté dans le ciel ces histoires parfaitement terrestres ?

À ce mythe inévitable, M. Gaston Paris a tenté de substituer pour le Petit Poucet, et la chose a fait événement, un dieu aryen voleur de bœufs célestes, l’Hermès enfant des hymnes homériques ; de son côté, M. Angelo de Gubernatis en a ajouté quelques autres ; mais, nous tenons à le répéter, ce système de conjectures, quoique moins exclusif, est encore loin de constituer une science.

Toutes ces interprétations, quelquefois ingénieuses, sont en général bien confuses et, partout où leurs auteurs ne montrent point par quels intermédiaires le mythe a passé pour arriver à l’état de conte, on ne doit les accepter qu’avec une extrême prudence. C’est là surtout qu’il faut