Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE SOLEIL, LA LUNE ET THALIE

SOLE, LUNA E TALIA
Pentamerone, journée v, conte 5.


Il y avait une fois un seigneur qui eut une fille nommée Thalie. Il fit venir les savants et les devins du royaume pour tirer son horoscope. Ceux-ci tombèrent tous d’accord que l’enfant serait un jour en grand péril à cause d’une écharde de lin. Pour éviter ce malheur, le père défendit qu’il entrât dans la maison ni lin, ni chanvre, ni rien de pareil.

Quand Thalie fut grandelette ; un jour qu’elle était à la fenêtre, elle vit passer une vieille qui filait. Comme elle n’avait jamais vu ni quenouille ni fuseau, elle trouva fort joli ce que faisait la bonne femme. Elle en éprouva même une si vive curiosité qu’elle lui dit de monter, prit la quenouille en main et commença d’étendre le fil.

Par malheur, une écharde de lin lui entra dans l’ongle et elle tomba morte par terre. À cette vue, la vieille dégringola l’escalier. Le pauvre père, en apprenant cette catastrophe, paya d’un baril de larmes ce seau d’amertume. Il fit alors porter sa fille dans un château qu’il avait à la campagne, et l’assit sur un siège de velours, sous un dais de bro-