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Neuf mois après, Zellandine, qui dort toujours, met au monde « ung très-beau filz ». La tante survient et voit que le nouveau-né, cherchant le sein de sa mère, saisit le « doy, qu’il commence à succer très-fort. Et tant il sucça qu’il se print à toussir ». La damoyselle s’éveille, apprend ce qui est arrivé et se désole. La tante, pour la conforter, reprend l’histoire de plus haut et lui raconte comment « elle a moult bien passé l’indignation de la déesse des destinées qui fust la tierce à sa naissance, et si doulcement qu’elle en doit estre joyeuse à merveille ».

« Sachez donc, ma niepce, que, au jour que vostre mère se délivra de vous, elle me commanda que je appointasse la chambre des trois déesses qui viennent à l’enfanter des dames. Si appointay la chambre le plus honorablement que je peuz, car je mis la table et la garnis de boire et de manger, comme il appartenoit, en mettant dessus la place de chascune déesse ung plat estoffé de pain et de vin, puis cloys la chambre et m’en vins ; mais je me tins à l’huys pour escouter se je ne pourroys ouyr ce que les déesses diroient.

« Lors vinrent les trois déesses, Lucina, Thémis et la belle Vénus, qui entra la dernière, puis se séirent à table pour manger ; mais il en print si mal à Thémis qu’elle n’eut point de coutel et fut pour ce qu’il estoit cheu soubs la table, pourquoy elle fist