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qu’exige l’esprit français. Ces aigles nourriciers, cette maisonnette juchée au haut d’un arbre, cette métamorphose de l’héroïne en fleur et en fruit rendent l’histoire autrement fantastique que celle de notre belle dormeuse, et même que Peau d’Ane qui, de l’aveu de Perrault, « est difficile à croire ».

Vous retrouverez cette fantasmagorie dans Blanche-Neige, une autre Belle au bois dormant, qu’en leur recueil des Contes allemands du temps passé, MM. Félix Franck et E. Asleben ont traduite des frères Grimm. Ce récit est trop connu pour que nous en donnions une analyse ; il ressemble d’ailleurs singulièrement à Sourya-Rai ; les personnages et les moyens diffèrent, la marche est identique : ainsi les aigles sont remplacés par des nains mystérieux, la vieille ogresse par une marâtre, l’ongle venimeux par un peigne empoisonné, mais ces éléments sont mis en œuvre de la même façon et concourent au même but. Remarquons que l’imagination germanique les a teints de couleurs plus sombres.

Blanche-Neige ne se change pas en fleur, elle est placée par les nains dans un cercueil de verre et déposée au sommet d’une montagne ou le hibou, le corbeau et la colombe viennent la pleurer. Pour punir la marâtre on la chausse de pantoufles de fer rougies au feu, puis on la fait danser jusqu’à ce