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porte besace vide. Tu veux une épouse, choisis-la ; je donne les arrhes. Prends et je paye. Ne vois-tu pas que ton mal est mon mal ? Chez toi bat le pouls, chez moi le cœur ; tu as la fièvre dans le sang, moi j’ai le feu au cerveau, n’ayant pas d’autre bâton de vieillesse que toi. Donc, reprenons courage : on peut encore être heureux et ne pas voir ce royaume en noir, cette maison en poussière et cette mère comme une pauvre misérable !

À ces paroles le prince répondit :

— Je ne connais qu’une chose qui me puisse consoler, la vue de l’ourse. Si vous voulez que je guérisse, amenez-la dans cette chambre. Je ne souffrirai pas qu’une autre me soigne et fasse mon lit, ainsi que ma cuisine. Sans qu’il soit besoin d’aucun remède, son agréable présence me guérira en quatre secondes.

La maman trouvait ridicule que l’ourse eût à jouer le rôle de cuisinière et de camériste ; elle se demandait si son fils n’avait pas le délire. Néanmoins, pour le contenter, elle envoya quérir la bête. Celle-ci s’approcha du lit, leva la patte et tâta le pouls du malade, ce qui effraya la reine, qui croyait à chaque instant qu’elle allait lui griffer le nez.

Mais le prince dit à l’ourse :

— Ma chérie, ne veux-tu pas me faire la cuisine, me donner à manger et prendre soin de moi ?