Page:Deulin - Contes d’un buveur de bière, 1868.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

270
Contes d’un buveur de bière

quand Gillette, minée par le chagrin, tomba gravement malade.

Dans les cuisines du palais, Françoise n’ignorait rien de ce qui se passait. La malheureuse mère était folle de douleur.

« Oh ! si on me permettait de soigner la reine, répétait-elle sans cesse, je jure que je la sauverais ! »

Cependant la malade eut une crise si violente, qu’on crut qu’elle n’en reviendrait point. Tout le monde pleurait, car la reine était aimée, & durant une heure, le palais fut dans le plus grand désordre.

Françoise en profita pour se glisser dans la chambre de Gillette. Elle se pencha sur elle & lui dit doucement à l’oreille :

« Oh ! reviens, reviens, pauvre enfant ! »

À ces mots, Gillette se ranima. Une légère rougeur colora son visage ; elle ouvrit les paupières & sourit à cette jeune femme en cheveux blancs dont la voix lui rappelait celle de sa mère.

Gillette était sauvée. Dès lors Françoise ne quitta plus la reine, qui l’aima bientôt au point de lui révéler le terrible secret de la chandelle des Rois.

« Confiez-la moi, lui dit-elle. Je vous promets que, moi vivante, personne ne l’allumera. »

Mais le prince l’avait mise sous clef. Il ne parlait plus, du reſte, d’y avoir recours, & c’eſt pourquoi Gillette se rétablissait à vue d’œil.