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Contes d’un buveur de bière

le ciel & la regarda avec ses grands yeux curieux. Françoise se souvint de la vieille chanson que, le soir, étant petite, elle chantait à la lune :

Belle, belle, où allez-vous ?

Et elle dit :

« Ô toi qui vois tout, les champs & les bois, le sommet de la montagne & le fond de la vallée, Belle, indique-moi la route des Pays-Bas.

— Je le veux bien, répondit la Belle, mais il faut que tu me chantes les chansons dormoires dont tu as bercé l’enfance de ta fille.

— Je chanterai tout ce que tu voudras, mais ne me retarde point, je t’en conjure.

— Chante ! » dit la lune.

Et la pauvre mère se mit à chanter. Après la troisième chanson :

« Eſt-ce assez ? demanda-t-elle.

— Encore ! répondit l’aſtre.

Et l’infortunée se remit à chanter en pleurant.

Quand elle eut dit trois autres chansons :

« Eſt-ce assez ? demanda-t-elle de nouveau.

— Non ! répondit l’aſtre impitoyable.

Et l’infortunée recommença de chanter en sanglotant & en se tordant les mains.

L’aſtre eut enfin pitié & lui dit :