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Contes d’un buveur de bière

Mais l’ogre était pétri d’amour-propre. Il trouva la réponse bien froide & que le prince avait été long à se décider.

« Ce n’eſt pas tout de dire : « Je l’épouserai, » reprit-il, il faut voir si tu es digne de posséder un beau-père tel que moi. Qu’eſt-ce que tu sais faire ? »

Martin fut fort embarrassé. Il ne savait rien faire du tout, &, à ce point de vue, le campénaire l’avait véritablement élevé comme un prince. Il résolut de payer d’audace, & répondit bravement :

« Commandez, j’obéirai.

— Eh bien ! demain, au petit jour, nous irons dans la forêt & tu m’abattras cent mencaudées de bois. En attendant, va te coucher, dors bien & ne fais pas de mauvais rêves. »


iii


Je ne sais quels furent les rêves de Martin, mais Martine se retourna vingt fois dans son lit, sans que grand-mère au sable vînt lui fermer les yeux.

« Jamais, se disait-elle, le pauvre garçon ne