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Les Muscades de la Guerliche

— Moi, le meunier la Guerliche.

— Vous vous trompez de porte, l’homme de Dieu. Nous ne recevons point les voleurs.

— Bah ! bah ! Si j’ai volé, je n’ai ni persécuté ni tué le pauvre monde, & ce n’eſt pas moi qui ai gardé les vêtements de ceux qui lapidaient ce bon saint Étienne, entendez-vous, monsieur saint Paul. »

Saint Paul s’en retourna l’oreille basse.

« On n’a jamais vu, dit-il, un si grand bavard.

— Nous avons ici des gens qui n’ont point leur langue en poche, répliqua Dieu le Père. Qu’on lui dépêche saint Auguſtin, notre plus fameux prédicateur.

— Pan ! pan !

— Qui eſt là ?

— Le meunier la Guerliche.

— Hélas ! mon cher frère, vous ne pouvez entrer céans, & je vais vous en donner trois raisons qui feront l’objet de ce discours. La première, c’eſt que Jésus-Chriſt a dit : Bienheureux les pauvres d’esprit ! le royaume des cieux eſt à eux. Or, vous ne me paraissez point suffisamment pourvu de cette humilité, de cette simplicité…

— Vous n’êtes mie déjà si simple, vous, notre maître, à ce qu’il me semble.

— La seconde, c’eſt que vous n’avez point toujours mené une vie exempte de péché…