Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/273

Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
L’AMOUR NE MEURT PAS

De la peine, de la tristesse, de la joie, de la consolation. Qui comprendra les déchirements de mon cœur à la lecture de ces lettres de notre jeunesse toutes empreintes de l’amour le plus ardent, le plus passionné. Relire ces lettres, c’est centupler les souffrances qui nous torturaient alors que, éloignés l’un de l’autre et fiancés, nous avions au moins, comme adoucissement à notre malheur, l’espoir de nous revoir bientôt. Relire ces lettres, c’est souffrir le martyre, le martyre de l’amour qui n’a plus d’espérance, martyre moral mille fois plus douloureux que le martyre physique. C’est souffrir, c’est vrai, mais c’est aussi nous revoir quand nous étions jeunes, quand l’amour débordait de nos cœurs, quand la vie était à la veille de nous sourire et de semer sur notre chemin les fleurs les plus variées et les plus odorantes. C’est souffrir, c’est vrai, mais dans ces moments de souffrance, je retrouve le passé avec ses joies, ses plaisirs, ses amours ; je retrouve ma Rose des anciens jours si belle, si fraîche, si parfumée qu’il me plaît de souffrir, ne serait-ce que pour revoir un instant ma Rose que j’ai perdue à tout jamais. Dans ces moments de souffrance, il me semble revoir le bon sourire de ma Rose, la douceur de ses yeux bleu tendre et la beauté de ses cheveux blonds ; il me semble entendre les battements précipités de son cœur quand elle me recevait ; il me semble qu’elle me tend les bras pour me revenir ou m’attirer à elle.

Ne pourrais-je pas éviter ces souffrances, ce martyre ? Oh ! non, je ne veux pas ; je l’aime, ce martyre ; je le recherche plutôt car il est la manifestation de mon amour pour celle qui n’est plus. Mes yeux sont secs : la