Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
254
L’AMOUR NE MEURT PAS

La vue de la marguerite, qui balance sa tête à la brise, me tente de descendre de voiture pour l’arracher à sa tige et en effeuiller les pétales pour savoir si ma Rose m’aime encore, un peu, beaucoup… La senteur de la fleur du trèfle ou du sarrasin me met aux lèvres le goût et l’arôme du miel. L’odeur du foin coupé me délecte. C’est un plaisir pour moi d’aller aux malades, en parcourant les campagnes riantes, aux prés verdoyants ou aux moissons jaunissantes ou dorées. Par les beaux temps de l’été, le matin, le midi ou le soir, la campagne me paraît toujours belle, que ce soit à l’heure où l’oiseau s’éveille et fait entendre ses premières notes, ou quand le soleil est au zénith et que la cigale chante, ou au crépuscule quand le grillon pousse son cri strident. J’aime St-Césaire, à la brune, quand le cultivateur revient sa faux sur l’épaule, en suivant, dans le sentier tracé entre deux haies, ses chevaux qui n’ont plus besoin de la main du maître pour aller vers l’écurie. J’aime St-Césaire, quand les vaches, la tête basse, s’endorment debout près de la clôture en perches et que les moutons broutent encore l’herbe épaisse. À la campagne, chaque heure a son charme pour l’âme poétique et pour le médecin qui sait en admirer les beautés. Dans mes voyages à travers la campagne, je jouis toujours même pendant la nuit, alors que la lune montre son disque au poli d’argent ou qu’elle se cache derrière de gros nuages sombres ; que les étoiles scintillent dans le bleu du ciel ou que les ténèbres profondes en obscurcissent complètement l’éclat. L’air est bon et pur à St-Césaire ; je le respire à pleins poumons et j’en sens davantage chaque