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L’AMOUR NE MEURT PAS

de l’aimant. Immobile près de mon ami, je la regarde longtemps s’éloigner et disparaître. Mon ami me parle ; que me dit-il ? Rentrer au cours ? Je ne sais ; je ne l’entends pas ; je ne le comprends pas. Enfin mon ami, me prenant le bras, m’entraîne au cours pendant lequel toutes sortes de distractions m’assaillent. La voix de mon professeur me parut plus monotone que jamais. Ah ! qu’il est ennuyeux ! J’avais hâte de sortir, de la revoir en imagination et de la suivre sur le chemin qu’elle venait de parcourir. Il me semblait que je retrouverais facilement la trace de ses pas, que je respirerais le parfum qu’elle avait laissé dans l’air. Oh ! la revoir le plus vite possible…

Le dimanche suivant, dans l’après-midi, mon ami Joseph Édouard m’amena chez la jeune fille qui me semblait être l’image vivante de celle que j’avais vue et revue dans mes rêves depuis quelques jours. Notre visite trop courte se passa en conversations indifférentes pour moi. Nous nous adressâmes mutuellement les compliments usuels de la première rencontre et puis ce fut à peu près tout entre nous deux. En effet, je parlai peu ; mais en revanche je l’écoutai, avec une attention soutenue, causer avec mon ami Joseph Édouard. Elle était gaie, lui taquin. Ils se racontaient les événements survenus depuis leur dernière rencontre ; ils se remémoraient les incidents, les plaisirs de l’été qu’ils avaient passé dans le même endroit de villégiature. Ils auraient parlé longtemps que j’aurais écouté avec un intérêt toujours croissant, sans me lasser d’entendre sa voix, qui avait des intonations et des accents vibrant