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étape du voyage de ma vie d’étudiant ; ce n’était pas la plus facile à parcourir. Le chemin en était raboteux et bordé de précipices dangereux d’où j’aurais pu difficilement me tirer si le malheur m’y avait laissé choir.

En partant je m’affligeais surtout à la pensée que ma Rose resterait seule avec toutes les inquiétudes, toutes les angoisses sur le sort futur de son Elphège. Je n’ignorais pas qu’elle souffrirait beaucoup plus que moi de l’absence et de notre éloignement, parce que j’allais être très occupé par la préparation de mes examens. Les cours universitaires de huit heures du matin jusqu’à six heures du soir, et les études intensives de huit heures du soir à deux ou trois heures du matin que je me proposais de poursuivre, laisseraient peu d’instants à l’ennui pour me taquiner. Mais ma pauvre Rose, que ferait-elle seule toute la journée pour chasser cet ennui qui ne pouvait que la dévorer ? Oh ! Ma Rose, si j’ai souffert alors à l’idée des tristesses qui t’attendaient, que faut-il penser aujourd’hui de mon désespoir au triste souvenir de cette longue agonie, quand je jette un regard en arrière vers ces jours sombres.

De retour à Montréal, je me promettais d’employer tous mes instants libres à écrire mon journal afin de chercher à distraire quelque peu ma chère Rose-Alinda et lui procurer quelques adoucissements dans ses chagrins. Ce que j’avais enduré d’ennuis à Lowell était bien peu en comparaison des ennuis et des souffrances morales de ma Rose, pendant l’automne et l’hiver de 1887-88. Elle n’était pas superstitieuse et cependant tout l’effrayait, tout l’inquiétait. Les rêves, dont elle