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L’AMOUR NE MEURT PAS

peines, mes douleurs, mes angoisses en comparaison desquelles celles d’autrefois, relatées dans mon journal de Lowell, ne sont qu’une faible image. Maintenant que je suis encore seul, loin, bien loin de ma Rose, pourrais-je reprendre et continuer le journal commencé autrefois. Oh ! non, non ; ce serait jouer dans des plaies avivées avec un bistouri aigu, pour déchirer des chairs sanglantes, meurtries, sans espoir d’en recevoir aucun soulagement. Que pourrais-je confier à mon journal si je le continuais ? Des choses si tristes que j’en perdrais la raison avant de les avoir écrites en entier, des choses si lamentables qu’elles feraient verser des torrents de larmes brûlantes à ceux qui auraient le malheur de les lire. Je veux garder pour moi seul mes pensées sombres et mon désespoir.

Jeune homme, autrefois j’espérais retrouver ma Rose, l’enlacer, la couvrir de mes baisers ; vieillard, je n’ai plus d’espoir de la retrouver ici-bas ; je n’ai plus qu’à souffrir les affres d’une agonie lente. Une seule espérance me reste aujourd’hui, c’est d’aller bientôt, près d’elle dans le tombeau, mêler mes cendres à ses cendres, pendant que mon cœur et mon âme iront retrouver son cœur et son âme dans la céleste patrie où elle doit m’attendre. Oh ! Rose, prie avec moi pour que ce jour où nous nous rejoindrons soit proche, très proche.