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causer d’inquiétudes pendant sa promenade. Et puis quand ma Rose sera près de moi, est-ce que j’aurai encore des ennuis et des inquiétudes ? Oh ! non, et si par malheur, ils apparaissent encore, ils se dissiperont aussi vite que la fumée que le vent emporte, et ma Rose n’en aura pas connaissance.

Le matin, le midi et le soir, je compte les jours qu’il me reste encore à passer seul avant l’arrivée de ma chère petite Rose. Mais le dernier jour je n’ose pas compter les heures, parce qu’il me semble que les dernières vingt-quatre heures sont plus longues qu’une journée entière et que les dernières douze heures sont plus interminables que la dernière demi-journée. Je ne sais que faire en ce dernier jour. Le matin je m’éveille de très bonne heure et je songe à quoi ? Mon esprit ne s’arrête à rien. Mon imagination voyage de Lowell à Montréal et à Ste-Martine et revient à mon bureau. Par moment, mes yeux s’attachent au plafond de ma chambrette dont ils explorent attentivement toutes les parties et surtout les quatre coins pour y chercher, y découvrir quelque petit nid, quelque toile d’araignée, et y voir travailler l’insecte, ou y constater son immobilité, lorsqu’il se tapit, sous ses pattes en un petit point gris ou noir, pour attirer dans ses filets la seule mouche qui vole dans mon bureau. Regarder l’araignée travailler, s’immobiliser. se réveiller, attraper la mouche et en faire sa pâture m’eût amusé. Je maugrée presque contre la propreté méticuleuse de Madame Boulé qui m’a privé de ce petit coin d’attraction qui aurait pu me distraire pendant une demi-heure et raccourcir d’autant la longue