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voisins. Si par hasard je n’ai pas assez de patients pour me faire vivre, j’ai toujours la ressource de L’Étoile qui défraie mes dépenses. Je resterai ici le temps que je me suis fixé, c’est-à-dire jusqu’à la fin du mois d’août…


Ste-Martine, 15 juin, mercredi, 9 hrs p.m. — Mon doux fiancé, trois jours, trois siècles que tu m’as quittée. Tu ne saurais croire le vide que ton départ a causé dans notre petite maison. Il me semble que je suis seule bien qu’au milieu de mes sœurs qui font des efforts inouïs pour chercher à me distraire. Ma petite sœur surtout s’ingénie, par ses bonnes paroles et ses caresses, à me faire oublier ton absence. Je ne souris plus ; je suis toujours affaissée. Je sais bien que mon ennui et ma tristesse causent beaucoup de chagrin à mes sœurs ; je m’en fais des reproches, mais je ne puis dominer ma douleur. Si j’essaie de sourire, une larme vient humecter ma paupière ; si j’essaie de parler et de répondre aux paroles affectueuses de mes sœurs, je ne puis maîtriser mes émotions et j’éclate en sanglots. J’aime mieux être seule et me taire pour penser toujours à toi. Vois, mon cher Elphège comme tu me rends égoïste. Je ne puis pas t’en faire de reproches, puisque je ne veux plus vivre que pour ton amour, et sans ton amour je ne pourrais plus supporter la vie. Oh ! que j’ai hâte de te revoir ! Encore quatorze jours à attendre ! Oh ! que c’est long… Mille bons baisers, en attendant ceux que je te laisserai prendre, le 29 juin à Lowell, sur mes yeux, sur mes joues et sur ma bouche… Ta Rose qui pleure toujours.