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L’AMOUR NE MEURT PAS

Le même jour, je recevais une lettre du mari d’Amanda qui insistait pour me voir retourner à Lowell. M’en fallait-il plus pour me décider à partir ? Le samedi soir, je me rendais à Ste-Martine pour embrasser une dernière fois ma Rose et la remercier de ses bons conseils et de ses douces consolations. Je passais le dimanche avec elle, mais qu’était-ce qu’un jour ? Nous avions tant de choses à nous dire, tant de choses à nous rappeler, tant de projets à élaborer, tant de châteaux à construire ? Un jour pour l’amour, qu’est-ce donc ? C’est l’ombre sur la terre de l’oiseau qui vole dans les airs ; c’est la course de la flèche qui part de l’arc et arrive au but ; c’est l’éclair qui déchire la nue. Si au moins nous pouvions ralentir les mouvements rapides de l’oiseau, de la flèche et de l’éclair ; ou si, nouveau Josué, nous pouvions arrêter la marche du soleil pendant trois jours. Hélas ! nous n’avions qu’un jour dont les heures allaient fuir avec une rapidité vertigineuse, et le soir serait si tôt atteint ; nous aurions à peine le temps de nous dire et de nous répéter : « Je t’aime, nous nous aimons ». Le baiser de l’arrivée serait en même temps celui du départ.

Avant d’entreprendre une seconde série d’expérience en exil, il me fallait puiser, auprès de ma Rose, une étincelle du feu sacré de sa sagesse pour me guider dans ce second voyage qui pouvait être plus agité ou plus fécond en incidents que le premier. J’aurais peut-être à lutter dans des conditions moins avantageuses. Il me fallait de nouvelles forces pour combattre et de nouveaux espoirs pour vaincre ; et qui mieux que ma Rose pouvait m’aider, me conseiller. Je n’aurais peut-être jamais