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trompée ?… Elphège, tu me fais, dans ta dernière lettre, le reproche d’être trop aimante pour toi, mais à qui la faute ? N’est-ce pas ton amabilité et ton amour qui ont fermé mon cœur à tout autre qu’à toi, et qui le font se consumer de l’amour le plus ardent pour toi. C’est ta faute, si je t’aime toujours davantage. Oh ! mon Elphège, aime-moi toujours comme tu me l’as montré et je serai la plus heureuse des créatures. Si Montréal est une prison pour toi, Ste-Martine est pour moi maintenant un lieu de délices et de tendresse. Ne suis-je pas dans ce beau petit village où nous avons passé nos plus beaux instants, où nos cœurs se comprirent si bien, où je retrouve partout la trace de tes pas, où il me semble voir voltiger partout avec les ailes des amours tes nobles sentiments et tes belles pensées, et où, enfin plus tard, (Oh, que ce soit bientôt), nous aurons le bonheur d’unir nos mains et nos cœurs avec les liens sacrés du mariage Ne voilà-t-il pas que j’aime Ste-Martine maintenant. Vois mon cher Elphège, comme tu m’as métamorphosée…

Je t’ai dit que j’aimais Ste-Martine, c’est faux et je regrette de te l’avoir dit, car rien ne peut dissiper l’ennui que m’a causé ton départ. Seule l’espérance me fait supporter ton absence avec résignation, sans cela je ne pourrais vivre plus longtemps… Ta Rose qui t’envoie le meilleur des baisers.


Montréal, vendredi, 3 juin, 10.40 hrs p.m. — Ma bonne Rose, j’ai mangé, hier soir, un morceau du gâteau de noce de mon frère, et j’ai rêvé continuellement à toi