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L’AMOUR NE MEURT PAS

nous allions faire de longues promenades ; nous allions lentement, causant à voix basse. Ma Rose me prenait le bras sur lequel elle n’appuyait jamais assez fortement tant j’aimais à la sentir près de moi. Nous nous arrêtions tout d’abord à l’église où nous allions nous prosterner aux pieds de la Vierge Sainte que ma Rose aimait d’un amour tout particulier. C’était vraiment édifiant de voir prier ma bonne et pieuse Rose. Aussi la Vierge Sainte ne pouvait pas ne pas exaucer des prières qui partaient du plus profond d’un cœur aussi pur. Oh ! bonne et sainte Vierge, tu t’es souvenue toujours de celle qui t’aimait tant et te priait avec tant de ferveur, car tu es venue la chercher un samedi, ton jour béni, ton jour de prédilection. L’on dit, Vierge pure, que tu viens chercher toi-même l’âme de tes amants qui meurent le samedi, pour les transporter directement au trône que tu leur as préparé là-haut ; est-ce vrai ? Oh ! dis-le moi, Reine des amours ; console-moi dans mon affliction. Oh ! non, non, laisse-moi pleurer jusqu’au jour où tu viendras me chercher à mon tour, et fasse le ciel que ce soit bientôt et un samedi pour que je retrouve de suite là-haut, dans sa gloire, celle que j’ai tant aimée sur la terre.

La ferveur de ma Rose, aux pieds des autels invitait tant à la dévotion, qu’auprès d’elle, à genoux, je me sentais une ardeur à prier que je ne me connaissais pas en d’autres temps. J’aimais à la voir prier ; j’aimais à l’imiter ; j’aimais à prier près d’elle et comme elle. Doux instants, moments sacrés où l’inspiration d’en-haut venait éclairer ma décision dans la grande affaire