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elle est tienne ». Je la vis essuyer une larme ; nous étions fiancés. Et maintenant le mois de mai 1887 lui rappelle le mois de mai 1886. « Je pense, m’écrit-elle, moi aussi au mois de mai de l’an dernier, mois de peines et d’inquiétudes pour moi, et mois de réjouissance. J’ai cru remporter une victoire, et j’en suis la plus heureuse des femmes ; en eût-il été autrement que serais-je aujourd’hui ? Je n’aurais pas le droit de t’apprécier et encore moins celui de t’aimer. Quel martyre c’eût été pour moi ? Elphège, tu me demandes pourquoi je t’aime tant ? Pourquoi ? Parce que tu es l’idéal que j’ai toujours rêvé ; parce que tu es bon, sensible ; parce que tu possèdes un cœur d’or et que tu es capable de me payer de retour. Et tu me demandes pourquoi je t’aime. ? Oh ! Elphège, aime-moi autant que je t’aime et je serai la plus heureuse des femmes… J’ai lu et relu les vers que tu as écrits dans L’Étoile à mon adresse. Le plaisir que j’en ressens est indescriptible ; ils me rappellent de si doux instants que je ne me lasse pas de les lire et relire. »

Telle était la réponse de ma Rose à l’envoi de la poésie : « Mes souvenirs », que je lui adressais et de la lettre qui l’accompagnait.

Lowell, 2 mai, 1887, lundi, 11 hrs p.m. — Ma chère Rose, tu ne m’aimais donc plus quand tu as confié à ta sœur Amanda le secret qu’elle vient de me dévoiler ? « Tu me suivrais partout, disais-tu à ta sœur, mais tu préférerais demeurer dans une ville plutôt que dans une campagne ». Ma Rose, pourquoi ne me le disais-tu pas à moi ? Est-ce ta sœur qui doit faire ton bonheur ? Est-