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CHAPITRE IX

mes premiers patients : espoir et découragements

17 avril, dimanche, 10 hrs p.m. — Ma bonne Rose, je suis gai ce soir, et aujourd’hui j’étais vraiment fou de joie. Je suis allé ce soir annoncer à Amanda la grande, l’heureuse nouvelle que j’avais eu enfin une patiente. Ne devaient-ils pas ces bons amis, Amanda et son mari, être les premiers à l’apprendre ? Je leur dois tant de reconnaissance qu’il me semble que c’est un peu les payer de retour de leur montrer de la confiance et des égards. Qu’aurais-je fait en réalité, à Lowell, sans ces bons amis ? Je leur dois beaucoup de remerciements. Et que ne te dois-je, ma Rose, ma bien-aimée fiancée, pour m’avoir inspiré l’heureuse idée d’aller loin de ma patrie, demander ce que mon pays m’aurait peut-être longtemps refusé. Tu n’as pas craint d’échanger toutes les douceurs de l’amour pour les ennuis et les chagrins de l’absence, afin de t’unir plus tôt à ton Elphège. Vois-tu, Rose chérie, comme il faut bien peu pour changer un désespoir sombre en une joie presque délirante ? Les honoraires que je reçus de ma patiente n’étaient pas considérables : cinquante sous. Mais que j’étais heureux de contempler cette pièce de cinquante sous, première récompense de vingt années d’études ; fruit de soirées et de veillées nombreuses et fatigantes passées bien souvent à la lueur de la flamme du poêle ou de la chandelle tremblotante ; fruit qui germe et mûrit sur