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Ma Rose, ne me cache rien ; dis-moi bien tout, tout ; tu me l’as promis…


Rose dans sa lettre insiste pour que je ne lui cache rien. « Elphège, m’écrit-elle, je ne veux pas que tu me caches tes chagrins et tes ennuis. Veux-tu me punir, et pourquoi ? T’ai-je offensé ; t’ai-je fait de la peine, causé du chagrin ? Ne sommes-nous pas de moitié dans la tristesse comme dans la joie ? Rappelle-le toi, nous nous sommes juré de toujours partager en tout. Si tu me paraissais toujours gai dans tes écrits, je serais continuellement dans l’incertitude et l’inquiétude ; je craindrais la dissimulation. Le doute me serait plus pénible que la vérité ; j en souffrirais des tourments incessants ; ce serait l’agonie. Encore une fois, comprends-tu, mon Elphège chéri, je ne veux pas que tu me caches tes ennuis ; il m’appartient de les partager… Puis-je te donner un conseil, mon cher Elphège ? Ne te décourage pas si vite. Attendre les patients pendant quinze jours ce n’est pas si long après tout. D’autres ont attendu plus longtemps. As-tu pensé que les personnes qui aimeraient requérir tes services ne sont pas encore malades et qu’elles n’attendent qu’une occasion pour aller te voir ? Et pour les autres, quinze jours pour te connaître, c’est bien court… Si tu peux faire tes dépenses avec la rédaction de l’Étoile, il est inutile de désespérer si vite ; tu peux attendre… Je pars demain pour Ste-Martine où tu devras à l’avenir m’adresser tes lettres… Pense toujours à ta Rose.