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traire et à adoucir un peu les angoisses de l’ennui. Malgré tout ce travail, je trouve encore des heures pour coucher sur le papier toutes mes pensées et mes sentiments pour ma Rose que j’oublie moins que jamais. De même tous les jours, je visite mes meilleurs amis et je vais souvent à la bonne petite maison hospitalière d’Amanda où l’on me reçoit toujours à bras ouverts et où l’on aime à me parler de ma chère Rose.

Vendredi, 15 avril, 5 p.m. — Ma Rose, ma bonne Rose, les jours ne se ressemblent pas continuellement ; je ne sais ce que j’ai aujourd’hui, je m’ennuie plus que jamais. Est-ce la faute des patients qui ne viennent pas encore ? Est-ce ton absence ? Ma Rose, que je voudrais être près de toi ! Je languis ici, quand donc reverrai-je celle qui est ma vie ! Ma pauvre tête fatiguée est pesante ; mon cœur est malade ; je soupire ; je voudrais verser des larmes, mais je ne puis ; j’ai le cœur trop gonflé… Je voudrais t’écrire beaucoup et encore, mais mon âme affligée se refuse à dicter à ma plume les impressions trop fortes et trop douloureuses qu’elle éprouve.

9 hrs p.m. — Ma Rose, l’aube souvent vient réveiller ma douleur morale et mon désespoir, et souvent le crépuscule couvre de son manteau sombre mon ennui et mon chagrin. Le soleil ne se lève pas sans saluer ma misère : il ne se couche pas sans souhaiter l’au-revoir à mon infortune. Voilà quels jours je traîne loin de toi, loin de ma vie ; voilà quelles tristesses me poursuivent toujours en ces lieux éloignés. L’astre du bonheur ne luira-t-il jamais au moins au midi de ma course ? Je voudrais encore goûter les délices de l’amour ; ses entre-