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Rose, pendant mon exil à Lowell ; le second est attaché dans l’Album-autographe de ma Rose.)

Samedi, 9 avril, midi moins quinze minutes. — Ce matin j’attendais ta lettre avec impatience et pour passer le temps je me mis à pratiquer sur le piano. Tout à coup ma cloche résonne et me tire de mon extase mélodieuse. Je cours à la porte… Enfin c’est un patient… mais non, c’est un médecin colporteur qui veut me vendre des remèdes nouveaux. Je le congédie prestement et je retourne au piano. Derechef ma cloche résonne… Enfin, le voilà le premier patient… mais non, c’est mieux qu’un patient, c’est une lettre de ma Rose. Pauvre Rose, elle s’inquiète toujours de ma santé ; elle craint toujours que je contracte quelque maladie par suite de la température froide que nous subissons à Lowell. Pauvre Rose affligée, elle est de plus en plus sensible et de plus en plus aimable. Elle comprend mon isolement.

Dimanche, Pâques. 10 avril, 1½ p.m. — La semaine sainte a été très froide, et par contre Pâques nous apporte une chaleur accablante. Il fait chaud comme en plein mois d’août à Montréal. Les dames sont heureuses et jouissent d’un bonheur parfait, car elles peuvent étrenner les plus belles toilettes en ce beau jour de Pâques sans nuage. Les modes des chapeaux et des toilettes sont nombreuses et variées. Les variétés sont surtout remarquables dans les coiffures. Quelques dames ont une toute petite coiffe, ornée de deux ailes de pigeon, qui leur serre la tête comme un bandeau de blessé. D’autres dames portent des chapeaux hauts comme une tour de Babel et garnis de rubans bariolés. D’autres coiffent