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L’AMOUR NE MEURT PAS

Dans sa réponse à ma lettre, Rose me mande qu’elle pense toujours à moi. Elle ne fait pas autre chose durant tout le jour que de penser à son Elphège adoré. « On prétend, dit-elle, qu’elle en perd la carte, qu’elle en devient folle et qu’on va la conduire à la Longue-Pointe ». Elle s’attriste et fait du mauvais sang à l’idée que son Elphège grelotte et souffre du froid. Elle craint qu’il n’en contracte quelque maladie. « De tout ce qu’on peut souffrir sur la terre, dit-elle, ce qui me paraît le plus terrible, c’est de craindre pour la vie de celui qu’on aime ; n’est-ce pas, Elphège chéri ? Que de larmes j’ai versées en lisant ta missive ! Cependant, mon ange, elle m’a fait du bien ; les bonnes choses que tu me dis me donnent du courage et me font t’aimer davantage ». — Rose me dit qu’elle a revu la promenade des rues St-Jacques et Notre-Dame en faisant ses stations du jeudi saint. Elle trouvait qu’il y avait peu de monde, tandis que sa sœur prétendait que la foule était plus considérable que jamais.


Lowell, 6 avril, 1887.
Rose, ma Rose,

Je devrais écrire 7 avril au lieu de 6 avril, car il est minuit et huit minutes. Pardonne-moi si je viens si tard causer avec toi, ma bonne Rose. À toi ma dernière comme ma première pensée. Je viens du bureau du journal « L’Étoile ». Je suis bien fatigué et cependant chaque mot que je t’écris semble me donner de nouvelles forces.