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principes

je juge qu’un fruit est bon ou n’est pas bon, j’aperçois, je perçois, je sens que dans l’idée totale que j’ai de ce fruit, est comprise l’idée d’être bon ou celle de n’être pas bon. Ainsi la perception appelée jugement, qui résulte de cet acte appelé juger, est toujours la perception qu’une idée en renferme une autre.

Ceci me conduit à une autre observation. Pour que j’aperçoive qu’une idée en renferme une autre, il faut qu’auparavant j’aie perçu ces deux idées. Il y a donc un autre acte de ma sensibilité qui consiste à sentir, à percevoir purement et simplement une idée, une perception quelconque. Cet acte n’est ni celui de juger, ni celui de désirer ; il en est distinct ; il est nécessairement antérieur, ne fut-ce que d’un instant : on peut l’appeler spécialement sentir.

Mais la perception que je sens, l’idée quelconque que je perçois, peut être l’effet direct d’une cause actuellement