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la séparer, la diviser. La divisibilité, la possibilité d’être divisé, résulte donc inévitablement de la propriété d’être étendu.

Il n’en résulte pas moins la nécessité d’avoir une certaine forme, ce qu’on appelle être figuré. Aucun corps ne peut être étendu à l’infini, car il n’en existerait pas d’autres. D’ailleurs, nous ne pouvons nous faire une idée réelle de l’infini dans aucun genre ; c’est encore là une idée abstraite qui ne peut avoir aucune existence positive ; c’est celle d’un bâton qui n’aurait qu’un bout, ou même qui n’aurait pas de bouts. Tout corps a donc des limites. Nous appelons surface de ce corps l’assemblage des points qui le terminent, c’est-à-dire passé lesquels il ne nous empêche plus de nous mouvoir. La disposition de cette surface constitue ce qu’on appelle la forme ou la figure de ce corps. On emploie ces deux mots indifféremment, et on a tort ; on devrait appeler exclusivement forme d’un corps la manière d’être étendu que nous lui reconnaissons par le tact en nous mouvant autour de lui, et réserver le mot figure pour l’impression que cette forme fait sur notre œil. La même forme présente plusieurs figures, suivant qu’elle est vue d’un