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VI


Mai étant venu, une affaire assez longue, pour laquelle ils durent se récuser, fit aux deux magistrats quelques jours de loisir. Jacquard proposa d’aller continuer leurs dissertations sous les ombrages et comme le Président lui avait raconté l’histoire du gendarme, il indiqua comme but d’excursion une visite au vieil original. Ce qu’il en connaissait par le récit de l’aventure, lui semblait du plus vif intérêt. Les paroles de Frédéric Marcinel correspondaient trop à des sentiments qui avaient souvent remué son être intérieur, pour qu’il ne fût pas passionnément curieux de voir et d’entendre ce prophète inattendu. De son côté, le Président Louvrier, à qui les confidences du gendarme avaient paru jadis de la divagation pure, y avait trop souvent repensé, depuis, avec complaisance, pour ne pas être tenté d’en vérifier le charme inexplicable.

Ils partirent donc pour le village d’Ardenne où ils le savaient retiré. Au travers de paysages furtifs, un express matinal les emporta, auquel succéda un train de banlieue malpropre et lent. À la station d’arrivée, ils s’informèrent. Le hameau que devait habiter Marcinel était à près d’une lieue de là, et on leur montra la belle route, toute droite,