Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Messieurs, un pays qui a pu en moins de quinze ans, faire avec avantage un pareil emploi de capital, pour ses communications intérieures, peut-il être raisonnablement taxé de décadence ?

Eh bien, comme je l’ai dit tantôt, ce sont des journaux français de notre pays qui ont les premiers sonné l’alarme sur l’état précaire, l’amoindrissement prochain des États-Unis !  ! ce sont des journaux français qui, tout en faisant aux Américains la grâce d’avouer que leur progrès avait été assez frappant, ont déclaré que leur mouvement en avant avait presque cessé, et que le mouvement rétrograde était déjà sensible !

Laissons là ces misères ; elles sont bien profondes ; car l’ignorance n’y a peut-être pas encore la plus grande part.

J’avais essayé, Messieurs, de comparer le progrès de l’éducation et son état actuel dans le Haut et le Bas-Canada, avec ses progrès et son état actuel dans les États-Unis.

Mais je n’ai pas eu plutôt scruté les détails du recensement de 1848 pour le Haut-Canada, que je me suis convaincu que l’on avait considérablement exagéré sa population. Pour le Bas-Canada, c’est tout le contraire, le recensement ne donne pas à beaucoup près, le chiffre réel de sa population. Or, les bases étant fausses, les conclusions et les comparaisons devaient nécessairement l’être aussi, et je n’ai pas complété ce travail.

Je vais seulement vous faire voir, avant de terminer cette lecture, qu’en fait de population comme en fait d’argent, le Haut-Canada a toujours su se faire la part du lion : qu’il a eu l’adresse de grossir démesurément ses chiffres afin de diminuer proportionnellement les nôtres : qu’il a complètement mystifié le Bas-Canada à la barbe de ses pratiques et habiles ministres ; enfin que ce n’est qu’au moyen d’impudentes supercheries qu’il en est arrivé à montrer sur ses retours, une population égale à la nôtre.

J’ai vu, Messieurs, dans les détails du recensement de 1848 pour le Haut-Canada, (on a retranché cela dans l’appendix des journaux de la chambre) que l’on y compte, comme partie intégrante de la population, les 86,000 émigrés débarqués à Québec en 1847 ! ! ! !

Or, de ses 86,000 émigrés, environ 20,000 avaient été mois-