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sairement l’élu de Dieu : on a mis la raison à la place du préjugé et on ne le regarde plus que comme l’élu du peuple.

On a placé la supériorité du sang au rang des chimères et on n’attache d’importance qu’à celle de l’intelligence et du talent.

Aux États-Unis la constitution est au-dessus de tout. Elle ne peut être modifiée que du consentement de la nation qui seule a le droit d’y toucher.

Le législateur n’est que législateur : le pouvoir exécutif ne fait pas partie intégrante du pouvoir législatif. Le congrès ne jouit que de la puissance législative, et il ne réunit pas, comme le parlement d’Angleterre, la puissance constituante à la puissance législative.

En Angleterre, le pouvoir du parlement n’a pas de limites, excepté, dit Delolme, qu’il ne peut pas faire qu’un homme soit une femme. Mais s’il veut passer des lois exceptionnelles, tyranniques à n’importe quel degré ; s’il veut violer le droit naturel, attenter à celui de la propriété ; s’il veut décimer, écraser, abrutir, assassiner moralement toute une nation, comme il a fait de la malheureuse Irlande, rien ne peut l’en empêcher ; car il a le droit de saper tous les droits, il est au-dessus de la justice et des obligations morales, et les lois divines et humaines ne sont pour lui que des toiles d’araignées. « La puissance et la juridiction du parlement sont si étendues, soit sur les personnes, soit sur les affaires, dit Blackstone, qu’aucunes limites ne peuvent lui être assignées… C’est au parlement que la constitution a confié ce pouvoir despotique et absolu qui, dans tout gouvernement doit résider quelque part… il peut altérer la religion nationale établie… il peut changer et créer de nouveau la constitution du royaume… en un mot il peut faire tout ce qui n’est pas naturellement impossible. Aussi n’a t-on pas fait scrupule d’appeler son pouvoir, par une figure peut-être trop hardie, la toute puissance du parlement. »

Aux États-Unis, tout au contraire, le congrès à des attributions déterminées qu’il ne saurait ni dépasser ni enfreindre d’une manière durable. Il ne peut pas, par exemple, toucher à la constitution, parce que la constitution obligeant également le législateur et le simple citoyen, le congrès lui est soumis et non pas supérieur. Sa mission est de la faire fonc-