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dérance sur le continent Américain ; qui forme, pour ainsi-dire, la clef-de-voûte de la civilisation moderne ; qui a, dernièrement, secoué tous les trônes, ébranlé tous les despotismes, et qui les eût presque tous anéantis, si l’esprit réactionnaire n’avait pas conservé, chez elle, quelques vigoureuses racines : Je suis citoyen de cette puissante nation dont les armées ont balayé l’Europe ; dont la gloire militaire est sans rivale ; qui a rempli les quinze premières années de ce siècle de tels prodiges qu’on a peine aujourd’hui à les concevoir, et qui montre, dans ses fastes, une liste de victoires égale à celles de toutes les autres nations ensemble ! »

Et quand on m’a dit : « Je suis Anglais : » C’était comme si l’on m’eût dit : « J’appartiens à cette étonnante nation dont la marine est la plus formidable qui soit au monde ; dont les vaisseaux couvrent les océans ; dont le génie commercial étonne l’imagination ; dont l’industrie n’a de limites que celle du possible ; dont les capitaux semblent défier les chiffres ! Sa métropole est le centre commercial de l’univers ; son empire colonial est plus vaste que ne l’était l’empire Romain ! Sa gloire militaire ne le cède qu’à celle de la France, mais néanmoins, c’est elle qui, au moyen de son or et de ses flottes a tenu en échec le génie de la France et l’a empêchée de devenir la maîtresse de l’Europe. C’est elle qui a définitivement amené la chute du colosse des temps modernes, car elle seule pouvait prodiguer les milliards, et elle l’a fait ; et il lui a fallu soudoyer tous les rois de l’Europe pour leur donner du cœur. »

Et quand on m’a dit : « Je suis Américain, » ces mots résumaient pour moi les idées de grandeur politique, de splendeur nationale, de sagesse législative, de liberté dans sa vérité et sa plénitude, de progrès sans exemple dans le passé, sans bornes dans l’avenir. Cela voulait dire : « Je suis citoyen du premier peuple du monde, car chez lui l’éducation primaire est universellement répandue ; car chez lui, la presqu’universalité des citoyens exerce un contrôle éclairé sur le gouvernement ; car chez lui les électeurs ne s’achètent pas : ils étudient les affaires publiques, lisent les journaux raisonnent et se décident par eux-mêmes et avec connais-