un Français l’effet d’une tempête dans un verre d’eau ! ! Celui-ci ignore complètement notre histoire, le nom de nos hommes publics, et quelquefois même jusqu’à notre position géographique ; et celui-là rit sous cape en disant : « C’est donc tout de bon que vous croyez au gouvernement responsable qu’on vous a donné ? »
Bien souvent, Messieurs, dans mes trop courts passages sur le sol de la vieille Europe, bien souvent j’ai regretté, — non pas d’être Canadien, car qui dit Canadien dit descendant de la France, et je le dis hautement, je me fais gloire de cette origine, et je l’aurais choisie, si j’avais eu à choisir — mais regretté profondément, amèrement que les partisans par état et plus encore par calcul de l’absolutisme politique aient pu assez dominer nos pères, pour leur faire repousser à main armée, à deux reprises différentes, le progrès, la prospérité, la liberté du pays ! deux fois ils n’ont eu qu’à tendre la main pour acquérir son indépendance, et deux fois ils l’ont repoussée parce qu’on a réussi à leur faire croire qu’elle serait funeste à leur langue, à leur nationalité, à leur religion, à leurs institutions, à leurs mœurs !
Oui, Messieurs, deux fois, nous avons, de propos délibéré choisi le mauvais lot ! Deux fois nous avons volontairement manqué notre avenir !
Quand quelqu’un m’a dit : « Je suis Français, » cela voulait dire pour moi : » Je suis citoyen de cette grande nation qui, sans être maîtresse du monde civilisé, a vu sa langue, comme autrefois la langue latine, acceptée, comme langue universelle, par toutes les nations civilisées, en dépit des rivalités ou des haines nationales : Je suis citoyen de cette nation qui par le nombre de grands poëtes, de grands orateurs, de grands écrivains, de grands jurisconsultes, de profonds penseurs, de savants distingués qu’elle a produits, n’a été surpassée, en fait de grandeur intellectuelle, par aucune des nations anciennes ou modernes, et les a surpassées à peu près toutes : Je suis citoyen de cette nation dont la capitale est devenue le quartier général de l’intelligence humaine ; dont la gloire artistique ne le cède qu’à celle de l’Italie, patrie des beaux-arts : Je suis citoyen de cette glorieuse nation qui a fait rayonner sur le continent Européen, les idées de liberté ; qui leur a assuré à jamais la prépon-