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grès social ; celui qui a fait de celle-là la tête pensante et de celle-ci la tête agissante de l’Europe ?

Voyez d’un autre côté, l’Italie ! Du moment que les papes cessent de faire cause commune avec les peuples ; du moment que les républiques Italiennes sont dévorées par l’absolutisme ultramontain, devenu l’allié du despotisme Allemand, l’intelligence de la mère des nations modernes décline : la splendeur italienne s’affaiblit graduellement et disparaît en moins d’un demi-siècle : le génie des arts ; celui des découvertes scientifiques tombent dans un état presque complet d’engourdissement, et jettent à peine, à de longs intervalles, quelques lueurs passagères : l’esprit national se localise et la liberté politique disparaissant, l’indépendance individuelle et le patriotisme n’existent plus. Il n’est pas même jusqu’à la bravoure nationale qui ne soit profondément altérée ; et sans l’invasion française sous le directoire, qui a ouvert aux idées modernes ce beau pays que l’esprit clérical leur avait fermé, l’Italie n’aurait peut-être pas encore donné les signes ou plutôt les preuves de résurrection sociale et politique qui lui ont valu, depuis un demi-siècle, les foudres terribles du Vatican, (j’espère qu’on ne m’accusera pas de les traiter avec trop peu de respect) et qui en dernier lieu, par le plus inexplicable faux pas politique, ont fait déborder sur elle la mitraille française, dirigée par un gouvernement républicain contre une nation qui gémit depuis trois siècles sous les étreintes d’une tyrannie tantôt brutale, tantôt hypocrite !

Voyez l’Irlande, cet effroyable holocauste du fanatisme protestant ! ce stigmate ineffaçable devant lequel se voile toute la gloire Anglaise ! Conquise et écrasée sous le plus atroce despotisme que l’histoire ait jamais offert aux malédictions du genre humain, où en est-elle aujourd’hui ? Des milliers de malheureux, les esclaves blancs du dix-neuvième siècle, et qui en sont réduits à envier le sort des esclaves noirs de l’Amérique, y sont, chaque année, moissonnés par la faim ! ! et néanmoins, un tiers de la surface de ce pays, le plus peuplé de l’Europe eu égard à son étendue, est encore inculte ! !

Maintenant voyez l’Écosse, qui elle aussi a été conquise et brutalement tyrannisée pendant la dernière moitié du dix-