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réside dans la paroisse ou est situé le collège. « On lui chicane, en quelque sorte, la maison paternelle. » (Gasc) Au collège, on lui permet de voir, sans difficulté, aux heures de récréation, son père ou sa mère ; mais sa sœur, pas trop souvent, jamais une parente ou une amie de famille, si elle est jeune ; l’amie de famille parce qu’elle n’est pas sa parente ; sa parente parce qu’une certaine familiarité est dangereuse entre jeunes gens ! !

On fait, en un mot, à des enfants qui ne sont pas destinés a la prêtrise, une vie de petit séminaire ; on les façonne à de minutieuses règles, à des exigences multipliées, je dirais presque au joug monastique.

Rien n’est si beau que l’obéissance passive ; voilà la vertu cardinale de l’écolier ! quant à l’obéissance raisonnée, elle est un acheminement à l’orgueil !

Toute prétention au libre-arbitre moral, à l’indépendance de l’esprit ou du caractère s’appelle du Voltairianisme.

L’autorité est tout et ne se trompe jamais ; l’individu n’est rien, et doit avoir une foi aveugle dans l’autorité. Est-elle parfois, et je dirai aussi par exception, immorale, c’est un péché pour l’élève que d’arrêter son esprit sur une faute qu’il a vue commettre à son supérieur.

Un professeur a-t-il été injuste envers un élève et lui a-t-il fait subir une punition imméritée, on réprimande bien quelquefois le professeur, mais toujours en secret ; quant à l’élève, on le punit ordinairement pour s’être indigné d’un traitement injuste ! !

Tout ce système, Messieurs, a pour objet, et en règle générale pour résultat, l’amoindrissement de la personnalité ; la sujétion de l’intelligence, la nullification morale de l’individu. Voilà ce qu’on veut, et dans neuf cas sur dix ce qu’on obtient ! Avec cela on conduit le monde !

Dans le moyen âge, où le clergé, ou plutôt quelques ordres religieux seulement, pouvaient prendre en main la direction de l’éducation, il est tout naturel qu’on ait basé le régime des écoles sur celui des monastères. « L’opinion dominante était que les laïques n’avaient pas besoin d’instruction, et le clergé, dont l’ignorance générale a toujours fait la force, veillait activement à ce que l’instruction fût, pour ainsi dire, concentrée en lui seul, et ne pensait qu’à former des