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tianisme y avait implanté ; mais elle a vu bientôt l’ultramontanisme Romain refuser d’admettre les conséquences de ce principe, et consacrer théoriquement et pratiquement l’asservissement de l’intelligence, et conséquemment la dépendance morale et politique de l’individu.

Alors la civilisation a imprimé au monde un mouvement diffèrent. Elle a protesté contre la réaction ultramontaine, et ne pouvant l’éclairer ni la faire sortir de son immobilité systématique, elle l’a laissée loin derrière elle et l’a, de fait, réléguée sur le dernier plan où elle occupe aujourd’hui une position analogue à celle de ces poudreux et vénérables bouquins que l’on conserve encore, pour mémoire, sur les rayons de nos bibliothèques.

Ainsi, Messieurs, c’est la civilisation qui a tiré du principe Évangélique de l’égalité native de tous les hommes, la conséquence repoussée avec l’entêtement de l’intérêt et de la soif du pouvoir par l’ultramontanisme, savoir : l’indépendance morale de l’individu, d’où résulte sa souveraineté individuelle comme membre du corps social. Ou il faut nier la Providence, ou il faut admettre que celui qui est libre dans le domaine de la pensée doit l’être dans l’ordre politique. Or de la souveraineté individuelle et native de l’homme, qui est inhérente à sa nature d’être pensant, découle nécessairement le dogme sacré de la souveraineté du peuple, dogme incontesté sur le sol libre du continent Américain, même par la hiérarchie catholique.

En Canada seulement, comme l’indépendance nationale et conséquemment la liberté politique n’existent pas encore, la hiérarchie refuse de reconnaître le dogme de la souveraineté du peuple, et lui a déclaré une guerre à mort. Mais aussi, comme il est excessivement probable que, du moment que l’heure de la liberté aura sonné pour le pays, elle le proclamera avec force saluts et bénédictions, laissons la exhaler une mauvaise humeur qui entre peut-être, qui sait, dans les vues de la Providence, et qui n’entravera pas d’un iota la marche des événements.

Comptez les nations chez lesquelles le dogme de la souveraineté du peuple est la pierre angulaire de la société politique, c’est à peu près le monde civilisé !

Comptez maintenant ceux qui l’opposent…