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tous ceux de NOS CHEFS qui en 1837 regardaient l’émancipation comme un moyen infaillible de prospérité et de progrès devenus rétrogrades et se cramponnant à la domination anglaise comme un affamé à un buffet bien garni ; de l’autre, la partie la plus saine de la population anglaise qui, en 1837, nous combattait de tout son pouvoir et voulait à tout prix maintenir la connexion avec l’Angleterre, entrant délibérément dans la voie que nous lui avons tracée et demandant l’annexion aux États-Unis.

Nous nous laissons déborder de toutes parts par nos anciens adversaires !

Nous faisons du progrès à la mode des gouvernements italiens !

Ce sont ceux que l’Angleterre à toujours gâtés, pour ainsi-dire, qui comprennent que le temps de la séparation est arrivé ; ce sont ceux qu’elle a de tout temps maltraités et insultés qui lui prodiguent de sales protestations de loyauté !

N’est-ce pas là la preuve la plus évidente que le gouvernement responsable nous a dégradés, au point de vue du sentiment national ?

Si nous avions eu au pouvoir, il y a deux ans, des hommes un peu plus forts, ou plutôt un peu moins nuls, ils auraient pu faire à la population Canadienne la plus magnifique position. Sans prendre la direction immédiate du mouvement annexionniste, ils se fussent empressés d’en profiter pour faire sentir à l’Angleterre que les préjugés locaux étaient disparus, que l’opinion avait marché !

Un semblable mouvement venant de la population Canadienne seule n’eût pas manqué d’irriter profondément le peuple Anglais ; venant des deux populations simultanément, il était la preuve la plus décisive que l’esprit de désaffection n’en était pas la seule cause.

L’adhésion de la population anglaise nous donnait, en droit, gain de cause, en Angleterre, dans ce long procès dont les malheurs de 1838 n’avaient fait qu’ajourner la solution. Nous devenions forts non seulement de toutes les raisons actuelles, mais de toutes les raisons d’autrefois, dont la justesse était tacitement reconnue par une partie adverse et toujours passionnée contre nous.

Les événements venaient au devant de nous, en quelque