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l’Angleterre, malgré la puissance de son aristocratie, marche vers la république : eh bien, en Canada, où la république seule est possible, où elle n’a ni intérêts à combattre, ni bouleversements à opérer, il existe des hommes qui lui tournent le dos pour rétrograder en plein régime constitutionnel, qui est synonyme de monarchie tempérée ; et qui affirment qu’un excellent moyen pour aller en avant, c’est de marcher à reculons ! ! !

Enfin, Messieurs, j’en viens à une dernière objection, la moins raisonnable de toutes peut-être, ce qui ne l’empêche pas de faire de l’effet sur bien des esprits.

« Eh bien, » nous disent ces gens, quand traqués d’objections en objections, ils finissent par avouer qu’en effet il y a bien quelques raisons plausibles en faveur de l’annexion, « eh bien, tout cela serait-il vrai, il reste encore une raison péremptoire contre l’annexion ; c’est la perte certaine, la destruction inévitable de la nationalité canadienne ; et puis qui sait si la religion se maintiendra ; qui sait si elle ne sera pas persécutée ? »

Cette objection encore est inspirée par la peur de l’inconnu, l’ignorance du passé et du présent ; elle prouve de l’irréflexion sinon de la mauvaise foi.

Messieurs, qu’on suive l’histoire de la politique Anglaise en Canada, depuis cinquante ans ! l’intention de nullifier, de faire disparaître les Canadiens-Français, ne perce-t-elle pas a chaque acte administratif ; à chacune des modifications qui ont été faites à nos différents systèmes politiques par le gouvernement métropolitain ? Ne perce-t-elle pas dans chaque dépêche, dans chaque rapport fait aux autorités impériales ? Avant 1837, le bureau colonial n’a-t-il pas censuré les deux seuls gouverneurs qui eussent témoigné de la sympathie, montré le désir sincère de rendre justice aux habitants du pays ?

En 1842, Sir Charles Bagot n’a-t-il pas été brutalement réprimandé par lord Stanley, parce qu’il avait agi en honnête homme ? On prétend même que c’est à cela en grande partie qu’il faut attribuer sa mort !

N’a-t-on pas, dès 1822, essayé de nous imposer l’Union, afin de nous affaiblir ? Et cela à la suite presqu’immédiate d’une guerre étrangère où nous avions eu le malheur de faire triom-