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Enfin, Messieurs ; dans l’état actuel de nos finances et avec la triste perspective que nous offrent nos travaux publics, tant que nous resterons colons, bien loin que l’annexion expose le pays à tomber sous un régime de taxes directes, elle est au contraire notre plus sûre sauvegarde contre de telles taxes.

Nos terres publiques forment une immense étendue de territoire.

Eh bien, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous le dire, rien ne nous empêchera, quand il sera sérieusement question d’annexer les Canadas aux États-Unis, de céder nos terres publiques au gouvernement fédéral à la condition qu’il se charge de notre dette publique.

Une fois cet arrangement conclu, nos travaux publics, que l’annexion rendra beaucoup plus productifs qu’ils ne le sont aujourd’hui, fourniront un revenu bien supérieur à nos dépenses.

L’ANNEXION EST DONC, POUR NOUS, UN MOYEN INFAILLIBLE D’ÉVITER LES TAXES DIRECTES ; et je dirai plus, elle est peut être le seul moyen qui nous reste de les éviter.

Un des résultats les plus heureux et les plus certains de l’annexion sera la disparition complète et définitive de ces déplorables haines nationales, de ces profondes jalousies de race qui ont toujours existé dans le pays. Ces haines, ces jalousies ont été produites par le favoritisme métropolitain. Le gouvernement d’Angleterre ayant toujours favorisé ses nationaux aux dépens des véritables enfants du sol ; le bureau colonial ayant toujours donné une importance indue à cette partie de la population, que l’on croyait plus particulièrement fidèle parce qu’elle était Anglaise, et lui ayant donné le monopole presqu’absolu des emplois lucratifs, il s’était formé dans le pays, avant 1837, deux grands partis :

1°. Le parti Anglais ou tory, insignifiant quant au chiffre, mais soutenu par de puissantes influences dans la métropole ; qui n’a toujours mesuré sa loyauté que sur les faveurs qu’on lui accordait ; qui ne voulait aucunes réformes parce que lui seul en aurait souffert ; qui ne reculait devant aucun moyen pour conserver la prépondérance que les sympathies métropolitaines lui avaient donnée, et dont toute la politique se bornait à haïr et à s’efforcer d’écraser les Canadiens-Français.