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qui auraient été beaucoup moins considérables que le coût du canal de l’Érié ?

Et si cela fut arrivé, n’est-il pas certain que le St. Laurent serait aujourd’hui aussi chargé de vaisseaux de toute espèce que le Mississippi ?

Voilà pour le passé. Eh bien, pour l’avenir, lequel du Canada ou des États-Unis est le plus intéressé à ce que les vaisseaux Américains descendent le St. Laurent jusqu’à la mer ?

Les États-Unis ont le canal et le chemin de fer de l’Érié ; ils peuvent donc porter leurs produits de l’ouest à la mer sans passer par le St. Laurent. Ils ne peuvent pas, il est vrai, charger de gros vaisseaux sur les lacs, à cause des dimensions du canal de l’Érié, mais cela ne serait qu’un degré d’utilité de plus, et n’est nullement indispensable.

Mais le Canada, où en serait-il avec ses $18,000,000 de dette, s’il n’ouvrait pas tôt ou tard le St. Laurent au commerce américain ? Sans lui, nos canaux ne produiront pas de vingt ans la moitié seulement des intérêts que nous payons ; c’est donc pour nous que l’ouverture du St. Laurent aux vaisseaux américains est une indispensable nécessité, car sans cela nous n’avons pour perspective qu’une énorme augmentation de taxes ou la banqueroute.

Ainsi donc, quand nos ministres ont osé dire au gouvernement américain : « Nous vous ferons la faveur d’ouvrir le St. Laurent à vos vaisseaux, à telle condition » ils n’ont commis là qu’un acte de colossale impudence car ce n’est pas une faveur que d’offrir à une partie adverse une mesure dont on a plus besoin qu’elle.

De fait la faveur eût été pour nous et non pour les États-Unis, car après tout nous n’offrons l’usage du St. Laurent aux américains qu’à la condition qu’ils ne passeront pas dans nos canaux sans payer les droits de passage ordinaires ; et ces droits que nous percevrons sur leurs vaisseaux nous sont bien plus nécessaires que l’usage de nos canaux ne l’est pour eux.

Tout en prétendant offrir une faveur, c’est donc nous qui en avons demandé une, ce qui prouve que souvent il y a loin de la prétention au fait.

Quand à la réciprocité commerciale sur les produits de