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l’annexion nous était donnée, des capitalistes Américains viendraient en grand nombre y fonder des établissements industriels. L’espace est considérable, la puissance sans bornes, le fleuve inépuisable, le champ à peu près inexploité, voilà des raisons plus que suffisantes pour les attirer. Il y a dans les états de la Nouvelle Angleterre, cinquante localités différentes qui n’offraient pas aux capitalistes le quart des avantages qu’ils trouveront à Montréal, et où pourtant on a jeté des valeurs immenses !  !

— « Mais, disent les ennemis de l’annexion, ne pensez-vous pas que ce sera un malheur pour le pays, de que voir toutes nos forces motrices naturelles passer entre les mains des étrangers ? »

— Je regarderais peut-être cela comme un malheur, si nous pouvions aujourd’hui nous flatter d’en tirer le même parti que les Américains ; mais il y a deux raisons qui nous mettront pendant bien des années encore, dans l’impossibilité de lutter avec eux, dans le champ de l’industrie ; d’abord le manque de capitaux, ensuite et surtout le genre d’éducation que l’on reçoit dans ce pays qui est précisément le contraire de ce qu’il faut aux hommes qui se destinent aux affaires ; mais quant à cette dernière raison, ce n’est pas le moment de l’examiner au long, j’y reviendrai plus tard.

Quant au manque de capitaux, cela est admis, et quand même il n’existerait pas d’autre raison, celle-là est déjà bien suffisante.

Eh bien, nous ne pouvons pas nous-mêmes faire valoir les différentes sources de richesse industrielle qui abondent dans notre pays, et nous allons niaisement jalouser ceux qui pourraient le faire mieux que nous ! Nous avons des forces motrices que nous laissons se perdre, et nous allons crier au malheur si ceux qui peuvent seuls les utiliser, les rendre productives, viennent y consacrer leur travail et leurs capitaux !  !

Pourtant, Messieurs, ce que le fabricant Américain gagnera ne peut, sous aucun rapport, être regardé comme une perte pour nous, puisque nous ne sommes pas en état de réaliser, pour les employer au même usage, les sommes qu’il appliquera sur sa fabrique.

Mais, par exemple, le capital que l’Américain viendra dépenser dans le pays, pour y établir une fabrique, et pour la